Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/268

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lever, non la futilité de certains hommes qui disent étourdiment et ce qu’il faut dire et ce qu’il faut taire ; non cette intempérance de langue qui les porte à se donner carrière sans choix et sans jugement sur toutes sortes de personnes et do sujets ; non ce babil intarissable qui étourdit l’oreille et fait mal au cœur ; mais un autre défaut plus caché, une certaine manière de gouverner ses discours dans les entretiens particuliers, qui manque tout-à-fait de prudence et de politique, il s’agit de la faute que commettent ceux qui lâchent, tout d’un trait et comme d’une haleine, tout ce qu’ils ont dans l’esprit par rapport au sujet en question : car rien n’est plus préjudiciable aux affaires. En effet, 1°. un discours morcelé et qui se développe par parties, pénètre beaucoup plus avant, qu’un discours continu ; car un discours continu ne met pas l’auditeur à portée de bien peser chaque chose distinctement une une, et ne laisse pas le temps à chaque raison de prendre pied ; mais