Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/292

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de les tourner à sa fantaisie. Or celle-ci c’est, avec raison que la parabole la rejette, non pas seulement comme malhonnête, mais même comme sotte ; car, 1°. ce ne sont pas là de ces choses qui soient en notre pouvoir, et il n’est point en cet art de règle fixe sur laquelle on puisse s’appuyer. Mais il faut chaque jour imaginer de nouveaux stratagèmes ; les premiers s’usant bientôt et devenant banaux. En second lieu, tout homme qui a une fois encouru la réputation d’homme double et artificieux, s’est privé par là du plus grand instrument dans les affaires, je veux dire, de la confiance des autres. Aussi rarement ses succès seront-ils conformes à ses vœux. Enfin, toutes ses finesses peuvent paraître fort belles dans la spéculation, et l’on peut s’y complaire ; mais le plus souvent elles trompent l’attente de celui qui s’y fie. C’est, ce que Tacite a fort bien observé. Les entreprises dirigées par la ruse et l’audace, sont fort belles en projet, difficiles dans l’exécution, et malheureuses dans l’issue.