Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/305

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qui entend fort bien ses petits intérêts, mais qui ne laisse pas d’être nuisible au jardin. Cet art d’être sage à son profit, n’étoit pas inconnu aux Romains eux-mêmes, tout bons curateurs de leur patrie qu’ils étoient. C’est ce qui a fait dire à un auteur comique : car le sage, sans contredit, sait créer lui-même sa fortune. Un de leurs proverbes disoit aussi : chacun est l’artisan de sa propre fortune. Et c’est ce genre de talent que Tite-Live attribue à Caton l’ancien lorsqu’il dit de lui : telle étoit la vigueur de son âme et de son génie, qu’en quelque lieu gu’il fût né, il eût lui-même créé sa fortune.

Ce genre de prudence, si l’on en fait profession, non seulement n’est rien moins que politique ; mais semble être de mauvais augure et porter malheur. C’est une observation qu’on a faite par rapport à l’athénien Timothée. Ce général, après avoir fait de grandes choses pour la gloire et l’avantage de sa patrie, rendant compte de son administration devant le peuple, comme il étoit alors