Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/329

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celle de soi-même[1]. Car il ne faut pas prendre moins de peine, mettre moins de soins ; que dis-je ! il en faut mettre

  1. C’est un renversement d’ordre : il semble qu’il faudroit plutôt partir de la connoissance de soi-même pour acquérir la connoissance des autres ; car, à proprement parler on ne connoît que ce dont on a l’expérience, et l’on n’a l’expérience que des choses que l’on a senties. Or, chacun ne sent que soi et à la rigueur, tout ce que nous savons sur les autres, se réduit à des conjectures, qui toutes ne peuvent être fondées que sur l’observation ou l’expérience de nous-mêmes : nous devinons les secrets sentimens des autres, lorsqu’ils sont à l’extérieur ce que nous étions nous-mêmes extérieurement, lorsque nous avions de tels sentimens ; ou ce que nous conjecturons que nous serions, si nous les avions : en supposant toutefois que cette manière d’être extérieure des autres ne diffère que du plus au moins de ce que nous avons été nous-mêmes dans d’autres temps. Mais réciproquement certaines choses que nous ne verrions pas d’abord en nous, parce que les passions, et sur-tout la vanité, nous aveuglent, les apercevant dans les autres où elles nous blessent, nous en devenons un peu plus capables de les découvrir en nous-mêmes ; mais il n’es est pas moins