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Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/336

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dernier étant féroce, violent et allant toujours à son but ; l’autre étant grave, respectant les loix, préférant les moyens imposans qui pouvoient augmenter sa réputation, et lui donner un certain air de majesté ; et ayant, par cela même moins d’activité et de vigueur dans l’exécution de ses desseins : il est d’autres préceptes de cette espèce ; mais ceux que nous venons de donner, suffiront pour servir d’exemples par rapport aux autres.

Or, se connoître soi-même, c’est déjà beaucoup pour l’homme ; mais ce n’est pas assez : il faut encore savoir se produire, se faire valoir ; en un mot, savoir se mouler, se dessiner, et cela avec toute la prudence et la dextérité possibles. Pour ce qui est de l’art de se faire valoir, il n’est rien de plus ordinaire que de voir des gens qui ont bien du désavantage, quant à la réalité même de la vertu, ne pas laisser de l’emporter par la seule apparence de cette vertu ; et ce n’est pas la prérogative d’une prudence médiocre, que de savoir se présenter avec une certaine