Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/338

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Car, comme on dit ordinairement : va, calomnie hardiment, il en reste toujours quelque chose ; on peut dire aussi par rapport à la jactance : crois-moi, vante-toi hardiment, il en reste toujours quelque chose, à moins qu’elle ne soit tout-à-fait grossière et ridicule. Il n’est pas ̃douteux qu’il en restera quelque chose auprès du peuple, quoique les sages ne fassent que s’en moquer. Ainsi l’estime de la multitude sera une ample compensation du mépris du petit nombre : or, ce talent de se faire valoir, si on l’exerce avec décence et avec jugement ; par exemple, si ces louanges qu’on se donne, ont un certain air de candeur et d’ingénuité ; ou si ces vanteries, on ne les risque qu’au moment où l’on est environné de dangers (comme en parlant à des gens de guerre avant une action, ou lorsqu’on est en bute à l’envie) ; ou encore si ces paroles qui sont à notre avantage, semblent nous être échappées, et comme en pensant à toute autre chose, et qu’on n’ait pas l’air de se louer sérieusement, qu’on n’insiste