Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/352

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ment les hommes de cette trempe ne savent point saisir l’à-propos, la saison de chaque action, de chaque chose ; ils ne se retournent jamais qu’après coup, et lorsque l’occasion est échappée. C’est cette espèce de défaut que Démosthènes relève dans les athéniens, lorsqu’il leur dit : qu’ils ressemblent à ces villageois, qui, en s’essayant au métier de gladiateur, ne manquent pas, après le coup reçu, de porter aussi-tôt leur bouclier vers la partie frappée. Dans d’autres enfin cette roideur vient de ce qu’ils sont fâchés de perdre la peine qu’ils ont prise dans la route où ils sont une fois entrés, et de ce qu’ils ne savent pas battre la retraite ; se flattant plutôt de pouvoir, par la seule constance, maîtriser les circonstances mêmes. Quoi qu’il en soit, cette roideur et cette viscosité est fort préjudiciable aux affaires et à la fortune de ceux qui sont entachés de ce défaut. Il n’est rien de plus politique, que de rendre, pour ainsi dire, les roues de son âme concentriques à celles de la