Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/43

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d’autres ressources. Un médecin de notre connoissance, lorsque certaines femmes délicates se plaignaient à lui de leur mauvaise santé, en lui témoignant beaucoup d’aversion pour tous les remèdes, leur répondoit plaisamment, quoiqu’avec un peu d’humeur : vous auriez besoin, mesdames, d’être tout-à-fait malades ; car alors vous n’auriez plus de répugnance pour aucun remède. Il y a plus : le dernier degré de la privation ou de l’indigence peut être salutaire, non-seulement pour éveiller l’industrie, mais aussi pour inspirer la patience[1].

Quant au second membre de ce sophisme, il porte sur le même fondement

  1. Quand les disgrâces commencent, on ne s’est pas encore arrangé pour souffrir ; on est surpris, et le sentiment du mal se proportionne à cette surprise ; mais ensuite on voit bien qu’il faut apprendra à souffrir. L’on bande pour ainsi dire par degré l’arc de sa patience, et l’on trouve en soi plus de courage qu’au ne croyoit : or, ce que nous disons ici n’est pas une traduction de l’expérience d’autrui, c’est un texte original.