Aller au contenu

Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

côté opposé et qui peuvent être regardées comme autant de réfutations des premières. 1°. Les succès que nous ne devons qu’à notre bonheur sont une sorte de signe et de caractère de la faveur divine. Or ce bonheur embrasse également ces choses fortuites auxquelles la vertu peut à peine aspirer. Nous en voyons un exemple dans ce mot de César au patron de barque dont il vouloit ranimer le courage. Tu portes César et sa fortune, lui dit-il. S’il lui eût dit : tu portes César et sa vertu, c’eût été une bien froide consolation pour un homme que la tempête mettoit dans le danger le plus imminent. En second lieu, ce qui procède de notre propre vertu et de notre propre industrie, peut être imité, et est ainsi à la portée des autres ; mais le bonheur est une chose inimitable et c’est en quelque manière une prérogative de l’individu. Aussi voyons-nous qu’on préfère ce qui découle de la seule nature à ce qui n’est que l’effet de l’art, parce que les productions du premier