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Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/63

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former cette collection, tant pour la rendre d’un usage plus commode, que pour en diminuer le volume, le mieux seroit de la resserrer, en la réduisant à un certain nombre de sentences aiguës et con-

    qui peut le justifier. Nous sommes naturellement portés à exagérer toutes les opinions qui flattent nos passions, et à atténuer celles qui les contrarient ; en sorte que ces discours qu’on nous tient, nous les retouchons toujours, rognant, pour ainsi dire, ou détirant tout ce qu’on nous présente, jusqu’à ce que nous l’ayons mis à notre mesure. Ainsi, puisque nous ajoutons toujours à ce qu’on nous dit, ou en retranchons, ce seroit en quelque manière, nous tromper, que de nous dire précisément la vérité ; et le philosophe qui veut que nous donnions aux choses leurs véritables dimensions, est obligé d’exagérer celles que nous atténuons et d’atténuer celles que nous exagérons. C’est ainsi que, dans un concert, où, comme l’on sait, les violons baissent de plus en plus, tandis que les flûtes montent, ce qui finiroit par occasionner entre les instrumens des deux espèces, une sorte de schisme, on a soin de monter les violons un peu plus haut, et les flûtes un peu plus bas que le vrai ton.