Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/178

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sons et des gradations de substance et de mouvemens sur lesquelles nos sens n’ont point de prise immédiate : eh bien, pour vous débarrasser, d’un seul coup, de toutes ces difficultés insurmontables, entends-je dire (et c’est Franklin qui le dit), abandonnez l’ambitieux projet de les résoudre ; et, content de ce qui est à votre portée, sachez renoncer à ces connoissances que la nature, par le soin avec lequel elle cache ses opérations, semble avoir voulu vous interdire. Car la science la plus nécessaire est aussi la plus facile. Au fond, ce qui nous importe le plus, ce n’est pas de savoir comment s’opère tel phénomène qui n’intéresse que notre orgueil ou notre curiosité ; mais seulement de savoir en gros que tel moyen dont nous disposons, ou que nous pouvons mettre en notre disposition, produit tel effet dont nous avons besoin, et de nous assurer cet effet, en nous procurant et employant ce moyen. Avant de chercher comment s’est formé l’univers, ou telle de ses parties, et comment l’on peut opérer des transformations, apprenons d’abord à tirer parti de l’univers tout fait et à en jouir ; voilà en substance ce qu’il disoit : respectons ce grand homme, sans respecter son erreur ; et en nous conformant plutôt à son exemple qu’à ses préceptes, osons combattre une opinion qui nous appauvriroit, en nous ôtant l’usage d’une partie de nos richesses. Ces difficultés,