Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/273

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penser beaucoup, il y arriverait plutôt qu’en y pensant toujours, sans faire usage de ses jambes. Mais, au lieu de travailler dans l’univers tout fait, pour en tirer parti, l’on y rêve pour l’expliquer ; on veut deviner comment, pourquoi, par qui il a été fait ; on ose le refaire soi-même par la pensée ; on se bâtit un autre monde dans son imagination, témoin la présomption de Descartes : on se crée un Dieu semblable à soi ; puis l’on dit que Dieu a créé l’homme à son image ; et l’on suppose que lui-même il copie cette image. C’est une assez étrange manière de raisonner que celle qui a conduit à cette hypothèse des causes finales ; l’homme, disons-nous, a des fins, par cela seul qu’il est fini ; et que, ne pouvant endurer long-temps le même état, il a besoin que tout finisse et recommence : mais ensuite nous supposons tout-à-k-fois que Dieu est un être infini, et qu’il a des fins semblables à celles de l’être fini, ne concevant point que, si Dieu est en effet la fin de l’univers, comme il en est le principe, cette fin ne peut avoir d’autre fin qu’elle-même ; que l’infini n’ayant aucune proportion, ni même aucune relation avec le fini nous ne pouvons avoir aucune idée positive, ni de l’infini, ni de Dieu, ni de son but. Cependant accordons qu’il existe un être infini, qui est le principe et la fin de l’univers ; on est du moins forcé