Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/288

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dégoûtés de toutes les chimères du beau idéal et de tous ces palais enchantés que bâtit l’imagination durant la jeunesse et que la raison démolit peu à peu dans l’âge mûr, nous nous avisions enfin de voir les choses précisément telles qu’elles sont, et de nous contenter de ce qui est, nous en fussions moins sages et plus malheureux. En un mot, le vrai philosophe est un Voyant, c’est-à-dire, un homme qui voit ce monde tel qu’il est, le peint tel qu’il le voit, et l’accepte tel qu’il le peint ; qui, pour découvrir plus sûrement ce qui est toujours et par-tout, ou la forme essentielle de chaque chose, commence par observer patiemment ce qui est actuellement, ou la loi de l’acte pur, en suspendant son jugement.

(i) L’espèce de mots la moins vicieuse, ce sont les noms des substances particulières, sur-tout ceux des espèces inférieures et bien déduites. Il est deux manières de déduire : l’une en partant des individus, en les observant un à un, en remarquant ensuite ce en quoi ils se ressemblent entre eux, et diffèrent de tous les autres ; puis en réunissant ces deux idées ; et les désignant par un seul mot, ou, si l’on veut, par une seule dénomination, pour former une classe. C’est là ce que Bacon appelle une espèce inférieure (ou infime) c’est une classe qui touche pour ainsi dire, aux individus. Puis, de même que de ces