Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/302

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de l’imprudence qu’ils commirent en se laissant considérer de trop près, bientôt il leur faudra abandonner et ces creusets qui achèvent d’épuiser leur fortune, et ces champs dont ils ne connoissent bien que le produit pécuniaire. Bacon, dans un des ouvrages qui font partie de notre collection, observe que cette avidité pour la partie des arts et des sciences, est, dans les monarchies, un signe certain de décadence, un symptôme de mort prochaine. Le même esprit pestilentiel qu’exhale le despotisme, infecte l’ordre philosophique, en infectant tous les ordres, et prostitue le génie même au vice dominant ; tout le monde alors veut vendre la sagesse, et personne ne veut l’acheter. Pour faire des découvertes vraiment grandes, il faut s’élever au-dessus des passions vulgaires ; mais, pour faire fortune, il faut fléchir le genou devant elles et les servir t il est donc très difficile de faire en même temps de gros gains et de grandes découvertes. À la longue, on ne trouve que ce qu’on a cherché : qui ne cherche que la lumière, sera tôt ou tard éclairé ; et qui ne cherche que le gain, ne gagnera point de sublimes vérités.