Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/395

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carreau ; et, revenus au point d’où nous étions partis, nous sommes encore à peu près ce que nous étions. Eh bien restons ce que nous sommes : notre délicatesse est destinée à plaire, et non à effrayer. Tout parallèle fait, nous valons bien les anciens et nos légers défauts sont compensés par deux avantages, d’autant plus précieux que nous eu faisons part à tous les siècles : nous sommes tout à la fois cette judicieuse postérité, à laquelle en appeloient les Garasse ou les Cottin de l’antiquité ; et cette vénérable antiquité que prendront pour modèles les Boileaux de la postérité, sans oublier que nous sommes le présent ; ce qu’il faut pourtant compter aussi pour quelque chose : car, il ne s’agit pas de qualifier son siècle mais de le bonifier, en commençant par se bonifier soi-même. C’est, à peu près, ainsi qu’on peut terminer cette question fameuse agitée sur la fin du dix-septième siècle, et au commencement du dix-huitième, par des hommes bien dignes de s’occuper d’autre chose, et qui ne mérite pas d’être sérieusement discutée. Combattre gravement un sentiment ridicule, seroit le devenir soi-même. Et lorsque telle nation, toute moderne, veut endosser l’habit de Thémistocle ou de Caton d’Utique, si elle n’aperçoit pas assez le ridicule qu’elle se donne, il est nécessaire de le lui faire sentir. Autre temps, autres hommes, autres besoins, autres