Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/459

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fois de sa propre main l’ouvrage que nous commentons.

(e) Si ce n’est par le seul Platon. Cette méthode définitive de Socrate, imitée par Platon, étoit composée de deux parties essentielles ; l’une étoit celle dont il parle, et qui est exposée dans le second livre ; nous tâcherons de donner ici une idée de l’autre, en l’éclaircissant par un exemple très familier, Un nez difforme choque beaucoup plus qu’un nez d’une belle forme ne peut plaire ; et la totale soustraction de cette partie choque infiniment plus que sa difformité. Or, ce que nous disons des objets de la vue, s’applique également aux objets intellectuels. Pour sentir plus aisément et concevoir plus vivement toutes les parties essentielles à un sujet, rien de mieux que de les lui ôter successivement par la pensée ; car alors plus on est choqué de ce qui y manque, mieux on sent ce qui devoit y être. Tel est l’esprit de la méthode négative de Socrate et de Platon. Vouloient-ils, par exemple, aider un de leurs disciples à définir le beau, ou à en concevoir la définition, ils faisoient passer en revue devant lui différens objets difformes ; puis ils lui demandoient successivement ce qui lui paroissoit manquer à chacun ; et par ce que chaque objet n’étoit pas, le disciple sentoit aussitôt ce qu’il auroit dû être, Enfin, après lui avoir fait, en quelque manière, ramasser un à un tous