Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/55

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Troisième table composée de faits où la chaleur est croissante ou décroissante, soit dans le même sujet, soit en différons sujets.

Si nous laissons encore L’esprit opérer de lui-même sur ces tables, il sera aisément dupe des fausses lueurs ; il s’attachera précipitamment à de faux principes, qu’il faudra ensuite corriger à chaque instant, ou sauver par de frivoles distinctions : il vautmieux les limiter d’avance et prévenir ainsi toute exception*12.

*12Quand un principe, ou, ce qui est la même chose, une règle est trop générale, comme alors son énoncé embrasse les cas mêmes où elle n’a pas lieu et qu’elle auroit dû laisser hors de ses limites, chacun de ces cas fait exception à la règle et force à la limiter après coup en excluant ces cas. Mais si la règle en se limitant d’avance elle-même annonce ses exceptions, alors ces exceptions ne l’attaquent plus et ne font que prouver ce qu’elle avoit dit. Ainsi, le moyen le plus sûr pour ne jamais donner prise, soit dans la conversation, soit dans les livres même en avançant des opinions positives, c’est de particulariser beaucoup, et de joindre à la plupart des principes qu’on pose, des règles qu’on énonce, ces expressions modificatives et restrictives : souvent, presque toujours, communément, rarement, toutes choses égales, entre certaines limites, etc. et d’adoucir ses affirmations, en proportion qu’on renforce ses preuves ; de joindre à des prémisses évidentes ou très probables de modestes conclusions.
Mais dira-t-on, si la règle (ou le principe) a des