Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/56

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Il est donc nécessaire de le diriger sans cesse par une méthode simple, lumineuse et fixe.

Ainsi, en premier lieu, pour réduire prompte-

exceptions, chaque cas qui se présente peut en être une. On n’est donc jamais certain dans la théorie de saisir la vérité en se conformant aux principes, ni d’atteindre au but, dans la pratique en suivant la règle. Je réponds que cela n’est pas certain, mais du moins très probable, quand la règle est un peu générale. Et alors la probabilité de réussir, en observant la règle est à la probabilité de ne pas réussir, en la suivant, ou de réussir en ne la suivant pas, comme le nombre des cas qui rentrent dans la règle est au nombre des cas qui n’y rentrent pas. Or, l’expérience même prouve qu’en se fiant aux raisonnemens nécessaires pour distinguer les cas qui font exception de ceux qui rentrent dans la règle, on tombe dans une infinité d’erreurs, soit pour n’avoir pas fait entrer dans ces raisonnement toutes les considérations nécessaires, soit pour avoir posé quelque principe faux, soit enfin pour avoir tiré de principes vrais, des conséquences fausses et les méprises auxquelles on s’expose en voulant faire toutes ces distinctions, sont en beaucoup plus grand nombre que les erreurs qu’on peut commettre en observant constamment la règle, et méprisant courageusement toutes les exceptions : ainsi la prudence veut que l’on se tienne constamment attaché aux règles (ou aux principes) sinon dans les cas où l’exception est bien marquée et sensible pour les plus foibles vues, c’est-à-dire, dans ceux où la cause énoncée par le principe, ou, ce qui est la même chose le moyen indiqué par la règle est visiblement à son minimum, tandis que la cause contraire est à son maximum. Aussi l’expérience, parfaite-