Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/77

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que l’oisiveté engendre tous les vices, le plus sûr moyen pour empêcher les enfans de naître, c’est de tuer la mère. Nous pensons, comme Descartes, que l’autre sexe a plus d’aptitude naturelle que le nôtre pour la philosophie, puisqu’il souffre davantage, et sait mieux souffrir, remédier à ses propres maux et adoucir les nôtres. Car souffrir est le métier de l’homme, et guérir est celui du philosophe. La sottise est un ingrédient nécessaire dans le philtre apprêté pour un sot ; mais un peu de raison ne l’est pas moins pour plaire à un homme raisonnable ; et un homme d’esprit ne peut aimer long-temps qu’une femme d’esprit ; une belle femme, sans un esprit cultivé, sera un an sa maîtresse, et trente ans sa servante ; la beauté passe, et la sottise reste. La plupart de nos préjugés nous viennent des femmes dont nous avons été environnés dans notre enfance. Ainsi, en instruisant le sexe fort, instruisons aussi le sexe foible, de peur qu’il ne soit esclave de l’autre, et ne fasse su-