Page:Bacon - Œuvres, tome 5.djvu/78

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tre, et l’on distingue fort bien ces deux espaces, De plus, l’espace peut être long ou court, large ou étroit, etc, en un mot, il a trois dimensions. Mais Le néant n’a point de dimensions ; il n’est pas susceptible de plus et de moins, ni d’aucune différence d’espèce. L’espace ou le vuide n’est donc pas un néant. Si ce n’est pas un néant, c’est donc quelque chose de réel. Si c’est quelque chose de réel, on ne peut pas dire qu’il n’y a rien où est un vuide. Et s’il s’y trouve quelque chose, il n’y a point de vuide ; comment se tirer de là ?

N. B. Ce que nous venons de dire de l’espace, on peut l’appliquer au temps, qui, étant aussi susceptible de différences d’espèce et de quantité, ne peut être regardé comme un pur néant.

Newton et quelques autres philosophes, effrayés de ces difficultés, ont été tentés de supposer que l’espace et le temps sont quelque chose de moyen entre l’être et le néant ; paradoxe qui n’est pourtant qu’une conséquence nécessaire de quelques raisonnemens assez exacts qu’on trouve dans leurs écrits ; et s’il nous paroit étrange, c’est tout simplement parce que nous n’y sommes point accoutuméss car notre étonnement n’est rien moins qu’un argument et une objection sans réplique. Il ne faudroit peut-être, pour rendre ce paradoxe plus supportable, qu’approfondir un peu plus la nature de nos différentes espèces de connoissances, distin-