Page:Bacon - Œuvres, tome 5.djvu/79

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guer mieux leur origine, et définir avec plus de soin la notion de l’existence ou de la substance, comme le vouloit Léibnitz, sans nous dire pourquoi il le vouloit. Car il n’est point pour nous d’existence absolue, mais seulement des existences relatives à nos différentes manières de sentir, puisque nous ne sommes avertis de notre propre existence et de celle des autres êtres, que par le sentiment. Il doit donc y avoir pour nous autant de différentes espèces d’existences, que nous avons de manières de sentir, et par conséquent deux principales ; savoir : l’existence physique, ou celle des corps, dont nous sommes informés par les cinq sens proprement dits ; et l’existence idéale, comme celle de l’espace, du temps, des modes ou manières d’être, des rapports, des idées, etc. dont nous sommes informés par ce sixième sens que nous appelons raison, ou, si l’on veut, esprit, âme, etc. car il ne s’agit point du nom. Jamais mortel n’a vu, entendu, goûté, flairé ou palpé le temps ni l’espace ; cependant nous avons ces deux idées ; elles sont fort claires pour nous, tant que nous n’entreprenons pas de les expliquer ; ce qui est aussi impossible qu’inutile. Il n’est donc pas vrai que toutes nos idées soient originaires des cinq sens grossiers. Mais plus accoutumés à concevoir, rappeler, comparer et combiner les idées de la première espèce, et à employer les expressions qui