Page:Bacon - Œuvres, tome 6.djvu/370

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Mais cette faculté qu’un homme prudent a de prédire (à l’aide des principes vrais qui l’éclairent, et des règles sûres qui le guident), du moins une partie de certains événemens, et qui manque à l’imprudent, doit avoir un effet ; car, de même qu’il n’y a point d’effet sans cause, il n’y a point non plus de cause sans effet ; et tout ce qui existe est cause : tout a sa raison suffisante, et est raison suffisante d’autre chose. Ainsi à la longue la prudence doit l’emporter sur l’imprudence, quoique celle-ci puisse être quelquefois favorisée par la fortune.

Il en est du grand jeu de la vie comme de tous ces petits jeux où la victoire dépend tout à la fois du hazard et de l’habileté des joueurs. L’expérience prouve qu’un joueur exercé, a un avantage manifeste sur un joueur novice ; cependant celui-ci peut, en certains cas, être si heureux, qu’il ait, par son bonheur, plus d’avantage sur son adversaire, que son adversaire n’en a sur lui par son habileté. Mais à la longue le maître l’emportera sur le novice ; parce qu’à la longue, les chances bonnes et mauvaises se balançant à peu près, et la loi des sorts étant à peu près suivie, restera l’habileté du maître, cause permanente, qui augmentera pour lui la probabilité de gagner, et qui ne pourra être sans effet.

Dans un petit nombre d’événemens, le moins probable a quelquefois plus souvent lieu que le