Page:Bacon - Œuvres, tome 6.djvu/48

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Mais, ce qu’il ne faut jamais oublier, c’est que nous ne parlons ici que des cas où les sens sont en défaut, et du remède à cet inconvénient. Quant à leurs illusions et à leurs prestiges, c’est un sujet que nous renvoyons au traité qui a proprement pour objet le sentiment et les choses sensibles ; en exceptant, toutefois, cette illusion générale des sens, qui consiste à ne nous faire connoître les choses et leurs différences, que relativement à l’homme, et non relati-

    l’œil est assez sensible pour voir les objets clairement et distinctement, à l’aide d’un degré de lumière insuffisant pour les autres individus, il peut y avoir et il y a en effet des animaux dont l’œil, beaucoup plus sensible que le nôtre, n’a besoin, pour voir, que d’une quantité de lumière beaucoup moindre que celle qui nous est nécessaire, et qui ont, à cet égard, encore plus d’avantage sur notre espèce, prise en entier, que certains hommes n’en ont sur d’autres hommes ; animaux pour qui ce que nous appelons obscurité, est encore lumière. À proprement parler, il n’est point de nuit parfaitement close ; et ce que nous appelons la nuit, n’est qu’un jour extrêmement foible.