Page:Bacon - Œuvres, tome 7.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dividus, qui alors sentoient dans leur oreille quelque chose de semblable à une membrane qui se seroit rompue. C’est un genre d’accident dont j’ai, en quelque manière, l’expérience. Étant auprès d’un homme qui pinçoit avec beaucoup de force les cordes les plus hautes d’une harpe, tout à coup je sentis une lésion dans l’organe de l’ouïe ; il me sembla qu’il s’étoit fait dans mes oreilles une sorte de rupture ou de dislocation ; et peu après j’éprouvai un tintement fort sensible ; ce n’étoit rien de semblable au chant ordinaire ou à un sifflement, mais un son beaucoup plus clair et tout-à-fait différent : je craignis même de devenir sourd ; mais au bout d’un quart d’heure ce tintement cessa tout-à-fait. Cet effet doit être attribué au son ; car, comme le dit un principe connu, tout objet sensible qui agit avec trop de force, détruit le sentiment ; et les espèces immatérielles[1], qui sont les objets de l’ouïe

  1. Par espèces immatérielles, il faut ici, et