Page:Bacon - Œuvres, tome 9.djvu/395

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nivers, à l’aide d’une imagination forte et d’une ferme croyance, il pourroit commander à la nature entière. Car Paracelse, et quelques écrivains plus obscurs, qui ont traité de la magie naturelle, ne craignent pas d’attribuer à l’imagination exaltée un pouvoir égal à celui de cette foi vive qui opère des miracles. Telles sont les chimères dont les hommes se sont bercés durant tant de siècles ; genre de folie qui a pourtant, comme tous les autres, ses douceurs et ses jouissances[1].

Pour nous, qui demeurons constamment attachés à l’étude des loix aux-

  1. Le bonheur de l’homme étant presque tout en espérances, il n’est pas étonnant qu’il préfère si souvent l’erreur qui nourrit ce sentiment, à la vérité qui le détruit ; et le charlatan, ou le fou qui lui fait espérer l’impossible, au sage qui lui montre trop clairement les difficultés du possible. Les géans du vulgaire ne sont que des nains aux yeux du philosophe, et le crime perpétuel de la philosophie, au tribunal des sots, c’est de tuer sans cesse le sot étonnement.