Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/106

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et se cachant même la tête sous des barbes de chèvre et des oreilles de bœuf. L’expédition terminée, ils rentrent tranquillement chez eux, reprenant leurs occupations de bons pères de famille et se plaisant parfois à raconter aux amis les bons coups qu’ils ont faits, comme chez nous les soldats de retour dans leurs foyers racontent leurs campagnes.

Quoi qu’il en soit, et bien qu’il ne se crût pas menacé sérieusement, chez lui, au milieu de tout son monde, par des bandits dont il avait éprouvé d’autre part la couardise, Michel n’en faisait pas moins bonne garde autour de sa concession, bien décidé à se défendre vigoureusement lui-même avec ses propres ressources s’il était attaqué ; jamais il ne s’écartait du centre sans être suffisamment armé et accompagné A plusieurs reprises même, il s’était joint à quelques autres propriétaires, européens, ou indigènes, de la région pour donner la chasse à quelque bande signalée dans les environs et lui ôter l’idée de revenir à la charge.

Un jour, au commencement de septembre 1894, le gouverneur de Maivarano lui envoya un émissaire pour l’aviser que deux à trois cents Fahavalos, venant du nord où ils avaient dévasté et pillé nombre de villages, se dirigeaient vers Maivarano, et l’inviter, ainsi que les autres Européens du voisinage, à se joindre aux soldats hovas chargés de repousser les brigands. Bien que ledit gouverneur ne lui inspirât qu’une confiance médiocre, il ne crut pas devoir se refuser à cet appel. Henri ne vit pas partir son père sans inquiétude, de vagues pressentiments l’agitaient ; mais Michel ne voulut pas qu’il l’accompagnât ; il lui fit comprendre que sa sœur ni la maison