Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/107

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ne pouvaient pas rester abandonnées à elles-mêmes, il lui recommanda même de faire meilleure garde que jamais, au cas où cette communication du gouverneur de Maivarano cacherait un piège. D’ailleurs lui-même ne resterait pas absent longtemps ; s’il y avait réellement un coup de balai à donner pour se débarrasser de cette vermine, ce serait l’affaire de deux ou trois jours au plus ; et après, du moins, on serait tranquille sans doute pour quelque temps.

Deux jours, trois jours se passèrent, puis quatre, puis cinq, sans que Michel fût de retour, ni même qu’il donnât de ses nouvelles. Très inquiet, Henri songeait déjà à envoyer un homme de confiance à Maivarano, lorsque le matin du sixième jour Naïvo, que Michel avait emmené avec lui, arriva à la concession, exténué de fatigue, presque sans vêtements, méconnaissable.

Voyant qu’il était seul, Henri se précipita, le cœur serré d’une horrible angoisse :

« Où est mon père, Naïvo ? s’écria-t-il. Pourquoi ne revient-il pas avec toi ?

— Maître toué ! balbutia le noir d’une voix à peine intelligible.

— Mon père tué ! Ce n’est pas possible ! Ce n’est pas vrai ! » fit le malheureux Henri, en s’effondrant sur un siège.

Mais presque aussitôt il se redressa, dans un mouvement de révolte. Il se refusait à croire à cette épouvantable catastrophe, et se rattachait à l’espoir de quelque malentendu, d’une méprise qui ne tarderait pas à s’éclaircir.

Encore sous le coup d’une terreur qui l’empêchait presque