Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/113

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Et, se tournant vers Marguerite. Henri ajouta :

« Tu comprends, n’est-ce pas, ma chérie, qu’il faut avant tout que nous ayions la certitude absolue qu’il n’y a plus rien à espérer ? Et même, si Naïvo n’a dit que trop vrai, il faut que du moins je rapporte les restes de notre pauvre père pour les ensevelir ici, à côté de notre mère. Ce sera, hélas ! notre seule consolation. »

Marguerite, courageuse comme son frère, ne dit pas un mot pour détourner Henri de sa dangereuse résolution. Elle comprenait comme lui que moins il tarderait et plus il aurait de chances de retrouver son père, mort ou vivant. Elle lui recommanda seulement d’agir prudemment et voulut absolument qu’il se fît accompagner d’une vingtaine d’hommes bien armés, choisis parmi leurs travailleurs les plus vigoureux et les plus sûrs, au risque de rester elle-même exposée aux pires dangers.

En moins de deux heures tout fut réglé, les vingt hommes d’escorte choisis, armés de fusils et de revolvers, et munis de vivres pour deux jours. Quant à Naïvo, comme il était trop faible pour fournir une semblable traite, on l’installa dans un filanzane, que ses camarades se chargèrent de porter à tour de rôle. Avant de se mettre en route, Henri chargea sa sœur d’envoyer un exprès à Manakarana pour informer son oncle de ce qui était arrivé et le prier de venir à Maevasamba le plus rapidement possible.

L’expédition de Henri était assez hasardeuse ; elle réussit cependant à souhait. Selon leur habitude, les Fahavalos, leur coup fait, avaient poussé plus loin, abandonnant sur place les cadavres mutilés de leurs victimes. Lorsque Henri arriva à Bomazonga même, le village était complètement