Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/116

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qu’ils comptaient faire et se mit à leur entière disposition pour les aider à liquider leur exploitation dans les moins mauvaises conditions possibles et leur faciliter le retour en France, où ils trouveraient sans doute auprès de la famille et des anciens amis de leurs parents plus de commodités pour arranger leur vie à venir. Mais, à sa grande surprise, Henri et Marguerite, tout en remerciant avec effusion l’excellent homme de ses offres, lui déclarèrent que leur parti était pris irrévocablement, qu’ils étaient tous les deux d’accord pour continuer l’œuvre de leur père ; que, dussent-ils à leur tour succomber à ce poste d’honneur qui leur avait déjà pris leur père et leur mère, ils ne le déserteraient pas ; le coin de cette île funeste où reposaient pour l’éternité Michel Berthier et sa femme serait désormais la patrie de leurs deux enfants. Convaincu en outre, d’après ce que lui avait dit le noir Naïvo, que toute l’expédition de Maivarano n’avait été qu’un guet-apens arrangé par le gouverneur de ce village et Ramasombazah lui-même pour complaire au Premier Ministre en le débarrassant de colons européens décidément trop énergiques et trop tenaces, Henri s’était juré de ne jamais quitter le pays, tant que la mort de son père n’aurait pas été vengée.

Tout attendri par ces viriles paroles, qui contrastaient si étrangement avec la jeunesse de son petit-neveu, l’oncle Daniel le pressa entre ses bras. Il regrettait amèrement d’être trop absorbé par ses affaires pour mettre tout son temps à leur service ; mais il se faisait fort de leur procurer deux ou trois personnes sûres et expérimentées qui pourraient les seconder très effectivement à la tête de leur exploitation. Quant à la mort de Michel, lui