Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/137

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« Pardonnez-moi, monsieur Berthier-Lautrec, lui dit-il avec une cordialité émue. Jusqu’à présent nous n’avons guère vu dans ce pays que des pêcheurs en eau trouble, et des mercantis à l’affût de quelque coup à faire. Si je vous disais que ce matin même nous avons fait jeter à la mer cinquante caisses de mauvaise absinthe et d’autres liqueurs abominablement falsifiées !… Vous m’excuserez donc de n’avoir pas cru tout d’abord à un désintéressement aussi insolite. Vos généreuses propositions vont nous rendre un très grand service ; je les accepte donc avec reconnaissance et vous remercie, monsieur Berthier-Lautrec, en mon nom personnel et au nom de la France. »

Puis, devenus les meilleurs amis du monde, le colonel et Daniel prirent divers arrangements pour tirer parti le plus rapidement et le plus avantageusement possible des embarcations et des six cents hommes mis à la disposition des divers services de la Marine et de la Guerre.

« C’est égal, dit le bon Daniel en racontant la chose à Henri, si tu avais vu la tête du colonel quand il a reconnu qu’il s’était fourré le doigt dans l’œil sur mon compte, c’en était comique ! Je m’étais promis d’avoir ma revanche ; je l’ai eue, et complète. »