Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/157

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de la jeune fille plus encore que convaincu par son argumentation, il céda, comme toujours ; tout au plus essaya-t-il de couvrir sa retraite par un semblant de protestation.

« Écoute, mon petit, dit-il, puisque tu tiens tant à ce que je sois le directeur de ton ambulance, je ne demande pas mieux que d’essayer. Nous verrons bien ce qui sortira de tout cela et lequel aura finalement raison, ou d’une petite folle comme ma nièce, ou d’une vieille bête comme ton oncle.

— A la bonne heure ! Vous voilà redevenu tout à fait gentil. J’étais bien sûre que vous ne vous feriez pas prier trop longtemps.

— C’est bon ! c’est bon ! Et alors, mademoiselle l’infirmière, quand comptez-vous commencer ?

— Quand ? Mais tout de suite !

— Tu nous laisseras bien le temps de nous retourner ?

— Mais pas du tout, au contraire. Pensez donc à ces convois de malades qui arrivent tous les jours de l’intérieur – c’est vous qui me l’avez raconté, – et qui encombrent les hôpitaux, les ambulances et le sanatorium. Est-ce que ça ne vous serre pas le cœur de penser qu’en ce moment peut-être un brave petit marsouin ou un pauvre légionnaire va mourir, faute de place, à la porte de l’hôpital ? Quand nous n’en sauverions qu’un seul, mon oncle, ne croyez-vous pas que nous serions largement payés de nos peines ?

— Alors ?

— Alors, mon bon oncle, demain matin nous partons tous les deux pour Maevasamba, où nous mettons rapidement tout en ordre. Au fait, si nous emmenions le docteur