Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/164

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au soir le port est sillonné par des embarcations et des remorqueurs de toute taille et de toute forme, employés au débarquement des voiliers arrivés de Bourbon, de Maurice, de Zanzibar, des Comores, du Cap ou de l’Amérique, avec d’énormes stocks de marchandises et une foule d’émigrants de toute couleur venant chercher fortune à l’abri de notre drapeau. Enfin, sais-tu où j’ai dîné, et fort bien dîné, ma foi ! la veille de mon départ ?

— Chez Justin Leroy, ton correspondant.

— Non pas, mais au restaurant ! Oui, mon vieux Hugon, il y a maintenant un restaurant à Majunga, un grand restaurant en bois, construit de toutes pièces par trois économes des Messageries Maritimes. C’est là que mangent presque tous les officiers. Il y a aussi un cercle, le Cercle français, avec des terrasses élevées qui donnent sur la mer. J’y ai passé la soirée, en compagnie de nombreux consommateurs, tant civils que militaires, qui, leur besogne terminée, venaient y chercher un peu de brise et commenter les nouvelles du jour. Ce que j’y ai entendu de potins ! Ah ! je t’assure qu’ils ne s’en privaient pas de tomber les uns sur les autres ! »

Cependant le temps passait et le fameux médecin-major de première classe annoncé ne se montrait pas vite à Maevasamba. Déjà le bouillant Daniel commençait à perdre patience, lorsqu’il arriva enfin. Après une visite minutieuse de toutes les installations, il déclara que rien ne laissait à désirer : air excellent, chambres vastes et parfaitement meublées, appareils hydrothérapiques très bien compris, précautions hygiéniques de toute nature, distractions, jeux, promenades, tout avait été prévu