Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/170

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débrouillard, il chargea immédiatement des hommes de confiance de battre les villages voisins et, grâce à sa situation considérable dans la région et à sa réputation de générosité, il eut en moins de vingt-quatre heures autant d’hommes et autant de filanzanes qu’il lui en fallait. Il organisa aussitôt sa petite caravane et se mit en route après avoir envoyé en avant un courrier prévenir Marguerite et le docteur Hugon de sa prochaine arrivée.

Lorsque le convoi parvint en vue de Maevasamba, tout était prêt à le recevoir ; une heure après, chacun des vingt-cinq nouveaux pensionnaires de l’ambulance était installé dans un bon lit garni de sa moustiquaire, sous la direction du docteur, qui se contenta d’un examen sommaire pour ne pas ajouter à la fatigue du voyage.

Dès le premier jour, Marguerite se révéla infirmière consommée. Il faut dire qu’elle mettait à sa délicate besogne le meilleur de son cœur et cet instinct quasi maternel qui existe, en germe au moins, chez presque toutes les femmes. Là où elle excella surtout, ce fut dans l’art de faire oublier à ses malades qu’ils étaient des malades ; s’ingéniant à écarter de leurs yeux ce qui pouvait le leur rappeler ; dissimulant adroitement, à l’aide d’un pan de rideau, d’un paravent, d’un bout d’étoffe de couleur claire, l’attirail peu réjouissant des flacons et des remèdes ; égayant même l’atmosphère de chaque chambre avec des petits riens coquets, des images de journaux illustrés, des photographies encadrées, ou quelque fleur piquée dans un verre de Bohême ou de Venise. Elle avait mis au pillage tous ses bibelots, son petit trésor de jeune fille, ne trouvant rien d’assez beau, rien d’assez gai surtout pour ses chers malades.