Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/181

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quelques pas de moi, suffit pour me tenir éveillé ; j’avais peur aussi qu’ils ne parvinssent à tromper la surveillance des hommes de garde. Aussi ne respirai-je que lorsque cette interminable nuit eut pris fin. – Mais alors, chose étrange, avec l’assurance que rien ne pouvait plus désormais venir se mettre entre moi et la satisfaction de ma vengeance, une détente se produisit dans mes sentiments. Je m’étais bien promis d’assister à l’exécution ; au dernier moment, le cœur me manqua. J’avais vu sans broncher des camarades tomber à mes côtés. J’avais fait le coup de feu moi-même et abattu à bout portant d’une balle de revolver, à la prise de Marovoay, un grand diable de Hova qui accourait sur moi en brandissant ses deux sagaies ; mais autre chose est de tuer dans la chaleur de l’action un homme qui cherche lui-même à vous tuer, autre chose est d’assister froidement à la mise à mort légale et solennelle d’un prisonnier, les mains et les pieds