Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/205

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« Alors, s’écria-t-il tout dépité, si vous vous mettez tous contre moi, je n’ai plus qu’à me taire. C’est bien ! Faites comme il vous plaira. Seulement je vous préviens que je me lave les mains de ce qui pourra arriver. Avant huit jours, le pauvre diable retombera plus bas que jamais, mais c’est lui et c’est vous qui l’aurez voulu. »

Et là-dessus il sortit, en claquant les portes derrière lui ; ce qui, du reste, ne l’empêcha pas le lendemain matin de prendre lui-même, avec un soin minutieux, toutes les dispositions pour assurer et faciliter le voyage de retour du capitaine. Il prétexta même, pour l’accompagner jusqu’à Majunga, l’obligation où il était de le remettre lui-même entre les mains du directeur du service de Santé, qui le lui avait confié.

En prenant congé de ses amis, comme il voulait les appeler désormais, le capitaine Gaulard leur dit avec émotion quels souvenirs reconnaissants il emportait des soins qui lui avaient été prodigués, soins si parfaits, si délicats, si affectueux que certainement il n’aurait pas été mieux traité dans sa propre famille ; il promit de leur donner de ses nouvelles toutes les fois que les circonstances le lui permettraient, et de ne point rembarquer pour France, une fois la campagne terminée, sans venir revoir Maevasamba et passer quelques jours avec ses aimables hôtes.

Lorsque, trois semaines après, le capitaine eut rallié Suberbieville où se trouvait encore le général Metzinger et qu’il se présenta devant son chef, celui-ci ne pouvait en croire ses yeux.

« Comment ! c’est vous, mon pauvre Gaulard ? lui dit-il. Ah bien ! par exemple, si je comptais vous revoir ! Je puis bien vous dire ça, maintenant. Enfin, vous voilà ! c’est l’