Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/204

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idée ne lui était venue que le capitaine pouvait songer à reprendre du service actif au cours de la campagne. Voyant qu’il n’y avait rien à gagner avec ce malade récalcitrant, dont la résolution semblait parfaitement arrêtée, il lui déclara qu’il s’opposerait, fût-ce par la force, à ce qu’il quittât l’ambulance avant d’être radicalement guéri ; sa responsabilité à lui, Daniel Berthier-Lautrec, était engagée à l’endroit du service de la Santé de Majunga, et il était décidé à ne le laisser partir que sur un exeat en bonne et due forme signé par le Dr Hugon.

Bien entendu, Daniel se réservait in petto de chapitrer le brave docteur et d’obtenir de lui qu’il ne se laissât arracher le fameux exeat sous aucun prétexte ; mais, à sa grande surprise, il trouva le vieil Hugon complètement rétif à sa manière de voir. Le docteur affirmait que le capitaine était assez remis pour reprendre son service, à condition qu’il continuât encore certaines prescriptions pendant quelque temps.

Comme la scène se passait en présence de Marguerite, Daniel se tourna vers elle pour la prendre à témoin et la sommer d’empêcher ce qu’il appelait une criminelle folie. La jeune fille semblait tout attristée elle-même par la perspective du départ de son malade favori, mais ce n’en fut pas moins d’une voix ferme qu’elle répondit à son oncle :

« Assurément il n’est guère prudent à M. Gaulard de rejoindre son poste avant d’être parfaitement guéri. Mais du moment que notre bon docteur juge qu’il peut nous quitter, nous n’avons pas le droit de le retenir contre sa volonté. »

L’oncle Daniel n’en revenait pas.