Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/230

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que les quelques canons sans affût qu’on avait réussi non sans peine à hisser sur les flancs du morne d’Andriba. Entraînés dans la fuite de leurs soldats, les chefs durent se sauver à pied, à peine vêtus.

« Après l’attaque, raconta un prisonnier fait le jour suivant, nous avons regardé de loin nos ennemis et nous nous sommes aperçus avec étonnement qu’ils étaient peu nombreux, peut-être deux cent cinquante ; mais il n’était plus temps de revenir sur nos pas. »

Des deux généraux hovas, l’un, Rainitavy, qui avait déjà reçu une balle dans l’épaule au cours d’un précédent combat, disparut au milieu de la bagarre sans qu’on ait pu savoir ce qu’il était devenu ; quant à Rainianjalahy, on assure qu’il réussit à gagner Kinahy.

Andriba, évacuée précipitamment à la suite de cette affaire, fut immédiatement occupée. Cette position, très forte naturellement, commande la plaine et donne la clef des plateaux qui s’étagent jusqu’aux plaines de l’Imerina. Déjà, en raison même de l’altitude, la température devient plus clémente et l’air plus sain. Désormais les troupes allaient avoir beaucoup moins à souffrir.

Henri Berthier, par sa situation particulière à l’état-major de la brigade d’avant-garde, se trouvait à même d’être informé des premiers de ce qui se préparait ; il aurait donc pu en aviser aisément son oncle et sa sœur Marguerite, si les communications n’avaient pas été si difficiles. Plusieurs fois, cependant, il avait eu l’occasion de faire passer à Maevasamba des lettres où il rassurait les siens sur sa propre santé. Quant à celles de Marguerite et de l’oncle Daniel, il en avait reçu un certain nombre, bien que fort irrégulièrement ; c’est ainsi qu’il avait appris depuis