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Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/231

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longtemps la création de l’ambulance, puis la maladie et la guérison de son ami Georges Gaulard. En rejoignant son poste, d’ailleurs, le Capitaine lui avait raconté en grands détails et avec une reconnaissance attendrie les soins admirables que lui avait prodigués Marguerite.

« Elle m’a sauvé la vie tout bonnement ! lui avait-il dit. Il n’y a pas de médecin, d’infirmier de garde qui aurait passé des nuits comme elle à veiller à mon chevet et à m’empêcher, dans les moments de crise aiguë, de me jeter la tête contre les murs de ma chambre. Et avec quelle patience, quelle ténacité elle me forçait à avaler, malgré ma répugnance invincible, quelques cuillerées de lait ou de viande crue hachée ! Ce n’est pas une fois, c’est dix fois, c’est vingt fois que je serais mort sans elle, sans ses soins de tous les instants ! »

A la suite de l’occupation d’Andriba, un jeune lieutenant attaché également à l’état-major du Général ayant été envoyé à Marovoay auprès du colonel Palle, chargé du service des étapes, Henri profita de la circonstance pour faire parvenir à sa sœur une lettre où, entre autres nouvelles, il lui annonçait ce qu’il avait appris le matin même, à savoir que Ramasombazah, l’odieux et grotesque gouverneur du Boueni, le vaincu de Marovoay et de Mavetanana, l’homme enfin qui avait été l’inspirateur de l’assassinat de leur père, venait d’être exécuté lui-même à Tananarive par ordre du Premier Ministre. Après la prise de Marovoay, le triste sire, exaspéré de sa défaite et redoutant, non sans quelque raison, le courroux de Rainilaïarivony, avait cru très malin de rejeter toute la responsabilité des événements sur quelques subalternes,