Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/244

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pontaillac, Vaux, Saint-Palais, Terre-Nègre, le bois de la Palmyre, la Grande-Côte. Le triste dénoûment s’étant produit au coucher du soleil, la jeune fille, après avoir fermé les yeux du petit soldat, aurait voulu le veiller toute la nuit ; il avait fallu que son oncle et le docteur Hugon l’emmenassent presque de force.

Puis ce fut la triste cérémonie des obsèques, à laquelle on dut procéder dès le lendemain par précaution sanitaire. Toutefois on attendit que le Père de la mission de Befandriana fût arrivé à Maevasamba ; c’était le même qui, l’année d’avant, avait rendu un semblable office à la mère de Marguerite.

Tout le personnel de l’ambulance, à l’exception de quatre soldats du Génie à qui leur état ne permettait pas de quitter le lit, tint à se joindre au cortège du pauvre Nicole. Le vieux Daniel, sans rien dire à personne, avait fait fabriquer des couronnes naturelles avec des fleurs et des feuillages enroulés sur des cercles de tonneau, et il en avait donné une à chacun des assistants, afin que le mot fût accompagné moins tristement jusqu’à sa demeure dernière.

En tête venaient deux enfants de chœur, improvisés avec deux garçonnets du village, au teint noir, aux pieds nus, portant l’un l’eau bénite, l’autre la croix ; derrière eux le Père missionnaire, puis le cercueil recouvert d’un drap noir sur lequel on avait étalé la vareuse, le képi et le sabre-baïonnette du malheureux soldat. Quatre anciens bourjanes, ayant pour tout vêtement une ample tunique en toile bleue qui leur descendait jusqu’à mi-jambe, portaient le mort comme naguère ils avaient porté les vivants, sans un cahot, marchant du même pas, se tenant