Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/254

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l’avait recueilli il n’avait mangé un grain de riz, ni bu une goutte d’eau depuis cinq jours.

Cette rencontre inattendue pouvait avoir quelque intérêt pour le quartier général, en raison des renseignements qu’Hector La Bretèche se trouvait à même de fournir sur la situation actuelle de Tananarive, sur l’état d’esprit de la population et du gouvernement hovas, et sur les préparatifs de défense organisés aux abords de la capitale. Henri amena donc l’infortuné photographe au Général qui l’interrogea longuement.

D’après les dires d’Hector La Bretèche, le Premier Ministre était loin de s’attendre à ce que le Corps expéditionnaire pût dépasser Suberbieville. Il avait fallu la prise d’Andriba, pour lui ouvrir les yeux ; toutefois il se berçait encore de l’espoir que jamais les Français ne pénétreraient dans l’Imerina. « Ils sont arrivés, disait-il tout haut dans les kabarys, jusqu’au Vavatany (littéralement la bouche de la terre), mais ils sont encore loin du royaume d’Andrianampoinimerina, puisque plus de soixante-dix kilomètres les séparent encore du territoire des Vonizongo, la tribu hova qui occupe la frontière de l`Imerina. » Et cependant Rainilaïarivony a un service d’espionnage très sérieusement constitué, qui le tient au courant de tous les mouvements des troupes françaises, depuis le commencement des opérations ; mais il est tellement infatué de sa puissance que pour le désabuser il ne faudra pas moins que l’arrivée du général Duchesne en vue de Tananarive. Quant à la population, elle continuait à vaquer à ses occupations ordinaires le plus tranquillement du monde, le Premier Ministre ayant soin de l’entretenir dans une complète sécurité en faisant circuler les