Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/256

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Vasahas trouveraient moyen d’éviter le combat en prenant une autre route, rien ne serait perdu ; il suffirait, pour préserver la capitale, de l’entourer complètement d’eau, en rompant les digues de l’Ikopa, pendant que la population se retirerait sur les collines ; on pourrait aussi faire de la ville un foyer d’épidémie, en y égorgeant plusieurs milliers de têtes de bétail, qu’on laisserait se décomposer. Tout cela, bien entendu, n’était que hâbleries et vantardises ; la menace de rompre les digues de l’Ikopa, notamment, pour ensevelir les envahisseurs dans les flots d’une inondation, était une pure absurdité, attendu qu’à cette époque il n’y a pas un mètre d’eau dans la rivière, et que ce n’est qu’en février, à la fin de la saison des pluies, qu’avec ce stratagème on aurait pu jeter deux ou trois pieds d’eau, tout au plus, dans les rizières qui entourent la ville.

En même temps la Reine et le Premier Ministre, entourés des principaux fonctionnaires de la Cour, passaient des revues fréquentes sur la place de Mahamasina, et faisaient aux soldats des distributions de vêtements, de vivres et d’argent. On exerçait aussi les recrues, les artilleurs surtout, sous la direction du major Graves, le seul officier, anglais qui fût resté au service du gouvernement hova ; les écoliers eux-mêmes consacraient six heures par semaine au maniement de la sagaie et du bouclier, les armes de prédilection du peuple malgache. Mais tout cela n’avait rien de sérieux ; selon toute probabilité, le Premier Ministre ne songeait qu’à « sauver la face », et le moment venu, il trouverait bien le moyen de se réfugier avec la reine dans le sud, à Fianarantsoa, par exemple, à moins que la population ameutée ne