Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/263

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qu’ils s’aperçoivent qu’ils sont menacés d’être tournés et enveloppés, ils se replient immédiatement avec une telle précipitation qu’en un quart d’heure leurs innombrables lambas blancs disparaissent, s’évanouissent, s’évaporent comme par enchantement. Ce qu’ils redoutent le plus, c’est le fafondro, le canon. Rien ne les impressionne, ne les terrifie autant. Le premier coup de canon leur fait faire demi-tour, le second les met en fuite, le troisième transforme leur retraite en déroute. En se retirant, toutefois, ils prennent le temps d’incendier les villages, de façon à faire le désert devant nous ; mais nous y sommes habitués et ne nous arrêtons pas pour si peu. Kinajy, Kiangara, Antanatébé brûlent ; il n’en reste que des ruines fumantes. Pauvres diables d’habitants ! Nous traversons une rivière le 17, avec de l’eau jusqu’à la ceinture. Le bain, après l’échaudement !

Le 19, nous arrivons devant les monts Ambohimena défendus par quatorze forts. Quatorze forts ! et déjà la position est presque inaccessible naturellement. Si nous avions affaire à des troupes sérieuses, à des troupes comme les nôtres, jamais nous ne pourrions passer. Mais les