Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/276

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Prévenu par une lettre de son neveu, Daniel était venu l’attendre à Majunga, et, sans lui laisser le temps de se retourner, il l’entraîna aussitôt à Manakarana, et de là à Maevasamba.

Ce fut avec une profonde et délicieuse émotion qu’après une si longue séparation Henri et Marguerite se retrouvèrent ensemble. La maison était encore pleine, du haut en bas, de malades et de convalescents ; mais, après la rude campagne qu’il venait de faire, le jeune colon était déshabitué du confortable, et il déclara à sa sœur qu’il se contenterait parfaitement, et pour autant de temps que cela serait nécessaire, du moindre coin aménagé tant bien que mal dans une des dépendances de l’exploitation.

Vers la fin d’octobre, d’ailleurs, l’ambulance commença à se désencombrer ; deux soldats du Génie et un caporal d’Infanterie de marine succombèrent presque coup sur coup, malgré tous les soins dont ils étaient entourés, et s’en allèrent rejoindre le pauvre Nicole sous les grands tamariniers du parc, à côté de la tombe de Michel Berthier-Lautrec et de sa femme ; puis, les bâtiments affrétés pour le rapatriement du Corps expéditionnaire commençant à arriver en rade de Majunga, tous ceux des pensionnaires de Maevasamba qui pouvaient être transportés sans danger furent évacués successivement sur Manakarana et de là sur Majunga. Deux seulement, encore trop faibles, durent être gardés presque malgré eux pendant trois semaines ; après quoi, l’ambulance se trouva dissoute par le fait.

Malgré cela, Marguerite ne voulut pas encore laisser partir son oncle, qui parlait d’aller remonter sa maison, quelque peu compromise par sa longue absence.