Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/288

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— Enfin ! Voilà une affaire faite ! Ah ! encore un mot. Vous n’avez pas de répugnance à vous marier, n’est-ce pas ?

— Me marier, moi ? fit l’officier avec un grand saut en arrière.

— Vous comprenez qu’un homme marié inspire plus de confiance. Dieu sait ce que j’ai manqué d’affaires pour être resté garçon !

— Plus j’y réfléchis, balbutia le Capitaine, plus je crois qu’il ne me sera pas possible d’accepter votre généreuse proposition. Mais je ne vous en garderai pas moins une bien vive reconnaissance.

— Allons, bon ! Tout à l’heure, vous aviez l’air à peu près décidé, et maintenant voilà que vous renâclez. Ce n’est pourtant pas, j’imagine, la petite condition dont je vous ai parlé qui peut vous arrêter ?

— Eh bien ! si, justement. Je suis stupide, j’en conviens ; mais le mariage me fait peur, et je crois bien que jamais je ne me marierai.

— Même avec ma nièce ? demanda brusquement le vieux Daniel, en regardant bien en face le pauvre officier, qui faillit tomber à la renverse de surprise.

— Avec votre nièce ? murmura-t-il. Comment ? C’est avec Mlle Marguerite que vous… Mais…

— Je vais vous dire. Je n’ai pas d’autres parents, pas d’autres héritiers que Marguerite et Henri. Henri étant pourvu, et tout son temps occupé avec la concession de son père, je n’ai plus d’autre ressource que de donner un mari à Marguerite et de faire de ce mari mon successeur. Celui qui prendra ma maison devra prendre ma nièce en même temps, ce qui, après tout, ne me paraît pas une condition autrement désagréable.

— Désagréable !