Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/40

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sortes de palanquins malgaches formés d’une chaise en cuir suspendue entre deux longs brancards de bois, avec un dossier et une planchette pour les pieds, – en compagnie de quarante-quatre porteurs, ou bourjanes, dont huit pour chaque filanzane, la relève comprise, et douze pour les bagages.

La distance qui sépare Tamatave de Tananarive est de deux cent quatre-vingt-deux kilomètres (quatorze de moins que la distance de Paris à Boulogne). La route, ou plutôt le sentier, traverse successivement trois zones très distinctes les unes des autres : la première formée de grandes plaines sablonneuses et malgré cela merveilleusement cultivées et plantées d’arbres superbes, la seconde tout entière en forêts, la troisième enfin, celle des hauts plateaux, des pâturages et des terrains miniers. La petite caravane ne mit que huit jours à faire le trajet, vivant des provisions de route emportées par les bourjanes et couchant la nuit dans les cases des indigènes.

La première visite de Michel Berthier, en arrivant à Tananarive, fut pour le Résident général de France, qui s’empressa de lui obtenir une audience du Premier Ministre. Fort gracieusement accueilli par Rainilaïarivony, Michel croyait déjà sa cause gagnée, mais il ne connaissait pas la politique de dissimulation et d’atermoiements des Malgaches. Quinze jours, un mois se passèrent sans qu’il vît rien venir. Il retourna à la Résidence Générale, où on l’exhorta fort à prendre patience. Désespérant d’aboutir, il changea de tactique et, sur le conseil d’un colon établi depuis longtemps à Tananarive, il distribua sans compter de larges commissions à l’entourage du Premier Ministre. Très peu de jours après, il recevait