Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/42

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Son contrat en poche, Michel Berthier ne songea plus qu’à partir pour le Boueni. Remontant en filanzane avec sa femme et ses deux enfants, il prit la route de la côte nord-ouest par Andriba, Suberbieville et Majunga. Là il fut reçu par l’oncle Daniel, qui était venu les attendre au débarqué et qui les emmena le jour même chez lui sur son brick marchand, la Ville de Paris.

A Manakarana même, le vieux Daniel Berthier n’avait que son comptoir, ses magasins et entrepôts. Quant à sa résidence particulière, il l’avait établie sur un plateau élevé du voisinage. Avec sa grande pratique des pays chauds, il avait admirablement aménagé tous les détails de son installation, de façon à se créer un intérieur à la fois très sain et très agréable. Trop souvent l’idéal des Européens, transplantés par les circonstances en pays exotique, est une grande maison en pierre à trois ou quatre étages, plus ou moins semblable à celles qui ornent nos boulevards. Daniel Berthier s’était bien gardé de donner dans ce travers. Son habitation, moitié bois, moitié briques, était du haut en bas, intérieurement et extérieurement, construite de façon à répondre aux besoins du pays ; les pièces servant de chambre à coucher étaient hautes et larges avec des vérandas qui, tout en laissant entrer la lumière, protégeaient l’intérieur contre les ardeurs du soleil ; une vaste salle de bain, bien aérée, garnie d’appareils très suffisants, sinon luxueux, les complétait. La salle à manger, très grande elle aussi, ouvrait par une large baie sur un jardin un peu sauvage, où le vieux colon s’était amusé à réunir les arbres et les plantes des Tropiques et de l’Europe, les palmiers et les châtaigniers, les bananiers à côté des pêchers, le caféier et