Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/46

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assez tranquille et les faits de brigandage étaient rares. Mais bientôt la situation se gâta. Rainilaïarivony n’envoya plus du tout de travailleurs à son excellent ami, au mépris de ses engagements ; et en même temps, avec la complicité certaine des gouverneurs hovas, peut-être même avec celle du gouvernement central lui-même, le brigandage se généralisa. Un autre moins tenace se fût découragé et eût tout envoyé promener ; Suberbie tint bon ; malgré les résistances et les mauvaises volontés qui s’accumulaient de jour en jour autour de lui, il parvint à recruter tout un personnel de travailleurs libres, à la tête duquel il plaça des ingénieurs et des employés français. L’œil à tout, mettant volontiers la main à la pâte, il déploya une telle activité qu’il réussit non seulement à se maintenir, mais encore à obtenir les résultats que tu as admirés toi-même l’autre jour. Voilà un exemple qui est encourageant, n’est-ce pas ? Maintenant, si tu veux, nous allons rentrer à la maison. Tu n’as sans doute pas remarqué encore que tout mon ameublement et mon aménagement, depuis le plus petit ustensile jusqu’aux plus gros meubles, ont été tirés de l’île même. Je l’ai voulu ainsi, d’abord parce que tout ce que nous recevons d’Europe en ce genre n’est guère que des articles de rebut, de la véritable camelote, et ensuite parce que j’avais la coquetterie de montrer, par mon exemple, que nous pouvions à la rigueur nous suffire dès à présent, bien que l’industrie soit passablement en retard. Sur notre côte Est particulièrement elle en est encore à l’enfance de l’art, mais il y a d’autres provinces où elle commence à faire assez bonne figure. Pour parler de ce qui est spécial à l’île, tu as