Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/45

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empêche d’en entreprendre plusieurs à la fois. Si les Hovas, qui ne sont pas des aigles, ont réussi à transformer en magnifiques rizières de grands espaces complètement stériles, que ne ferait-on pas en appliquant logiquement dans ce pays nos méthodes européennes ? C’est comme pour l’élevage des bœufs qui n’existe ici qu’à l’état embryonnaire, ou pour l’exploitation des forêts moins avancée encore ; que de millions n’y a-t-il pas à gagner avec une direction intelligente et méthodique ! Tu vois, mon cher Michel, que tu n’auras que l’embarras du choix pour exercer ton activité et faire largement fructifier ton capital.

— Et les mines ? dit Michel encore sous l’impression de la belle exploitation aurifère de Suberbieville, dont il avait parlé avec enthousiasme à son oncle.

— Nous en avons certainement, nous aussi, dans la région, répondit Daniel, mais personne ne s’est encore soucié de les chercher. Il nous faudrait un homme comme Léon Suberbie. Je le connais. J’étais à Tananarive quand il est arrivé comme directeur du comptoir de la maison Roux et Frayssinet de Marseille, un poste qui par parenthèse avait été occupé avant lui par Laborde, le fameux Laborde. Non seulement il sut faire prospérer les intérêts commerciaux de sa maison, mais il réussit en même temps à nouer des relations amicales avec le Premier Ministre, et à acquérir ainsi une véritable influence à la Cour d’Imerina. C’est grâce à cette influence qu’il put obtenir sa concession en 1886. Dans les débuts, il n’eut pas trop de difficultés. Si le Premier Ministre ne fournissait point tous les travailleurs qu’il s’était engagé à fournir, du moins le pays était