Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/78

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Les Malgaches, dont la morale religieuse est restreinte à sa plus simple expression, professent en revanche une vénération extrême pour les morts ; seulement, cette vénération, ils ont une façon à eux de la traduire, ils boivent, ils mangent, ils chantent et ils dansent auprès du corps, et avec d’autant plus d’entrain que le mort est, ou était, plus riche ; car c’est lui qui fait tous les frais de la petite fête. La femme étant considérée comme un être inférieur, ses funérailles ne sont pas accompagnées par ces réjouissances qui tournent toujours à l’orgie.

Quant au mode de sépulture, il varie beaucoup sur l’étendue du pays. En Imerina, les riches Hovas ont généralement des caveaux assez profonds, avec des tablettes en pierre sur lesquelles les corps sont déposés après avoir été ficelés dans des lambas en soie ; le dernier de ces lambas, celui qui touche la dalle, est remplacé tous les ans, ce qui donne lieu à une fête fidèlement observée. Dans certaines autres tribus, on inhume les cadavres en terre ; dans d’autres, on leur confectionne un cercueil avec un tronc d’arbre et on les conduit processionnellement à un hangar où les cercueils de tous les morts du village sont empilés par famille, les uns à côté des autres. C’est ce dernier mode de sépulture qui était en usage à Maevasamba.

Les coups de fusil qui avaient accueilli l’arrivée de Mme Berthier et de sa fille au village sont l’accompagnement obligé de toutes les funérailles. Peu après, le cortège apparut. Derrière le cercueil venaient les habitants, hommes et femmes, tous fort agités et fort bruyants ; le défunt Raleidama étant l’un des plus riches du