Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/91

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défricher quelques centaines de mètres carrés de terrain, ou pour se garantir contre une surprise des Fahavalos. Étonnez-vous, après cela, que les fièvres s’étendent dans l’intérieur ! Tant qu’on n’aura pas interdit absolument ces déboisements absurdes, personne ne sera à l’abri du danger. C’est l’unique point faible de cette position, qui est parfaitement saine sous tous les autres rapports. Je suis convaincu que, sauf accident, on y est dans de meilleures conditions hygiéniques qu’en n’importe quel coin de Mayotte, de Nossi-Bé, voire de Maurice ou de la Réunion. Il faut dire que cette pauvre femme, surmenée par les fatigues accumulées de ses longs voyages et de son installation, et aussi quelque peu désorientée physiquement par un changement complet d’existence, offrait peu de résistance au mal. Il est probable même qu’elle était plus anémiée qu’elle ne le paraissait et que, pour ne pas inquiéter son mari et ses enfants, elle mettait son énergie et son dévouement à dissimuler l’affaiblissement qui la minait et la livrait désarmée au premier accident venu. »

Mais, pour justes qu’elles fussent, ces considérations théoriques du docteur Hugon n’avaient rien qui pût consoler le pauvre Michel. Après l’affreuse angoisse des premiers moments qui l’avait jeté à terre comme assommé d’un coup de masse, il parut se ressaisir. A le voir aller et venir avec une activité fébrile, s’inquiétant si ses hôtes ne manquaient de rien, on put croire qu’il avait repris son sang-froid. Puis ce fut la triste occupation des obsèques, dont il ne voulut laisser le soin à personne ; il fit abattre et scier devant lui l’un des plus beaux arbres du jardin, et, avec les planches toutes fraîches